Le sumo qui ne pouvait pas grossir - Eric-Emmanuel Schmitt

Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Editeur : Albin Michel
Genre : contemporain
Sortie : 2009
Pages : 102

Ma note : 15/20

"Alors que j'étais maigre, long, plat, Shomintsu s'exclamait en passant devant moi :
-Je vois un gros en toi."

Synopsis :
Sauvage, révolté, Jun promène ses quinze ans dans les rues de Tokyo, loin d'une famille dont il refuse de parler.
 Sa rencontre avec un maître du sumo, qui décèle un " gros " en lui malgré son physique efflanqué, l'entraîne dans la pratique du plus mystérieux des arts martiaux. Avec lui, Jun découvre le monde insoupçonné de la force, de l'intelligence et de l'acceptation de soi.
Mais comment atteindre le zen lorsque l'on n'est que douleur et violence ? Comment devenir sumo quand on ne peut pas grossir ?

Ce que j'en ai pensé :

Ce livre très court d'une centaine de pages est un bon livre de transition, entre deux pavés, ou entre deux livres de genres différents ou comme moi lorsque l'inspiration livresque n'est pas au rendez-vous.
Le livre nous raconte l'histoire de Jun, jeune adolescent de 15 ans qui est parti de chez lui et qui vit maintenant dans la rue en vendant des breloques sur le trottoir. Ce n'est évidemment pas ce que l'on rêve de faire lorsque l'on est enfant, mais Jun s'en accommode et n'est pas du tout triste de son sort. Jun est allergique aux gens, au monde, à lui même, ce qu'il veut c'est être seul et surtout qu'on le laisse tranquille. Et pour éviter que l'on s'approche trop de lui, il s'est fabriqué une carapace fortifiée de colère, d'humour noir, de sarcasmes. Et dès le début du livre, on découvre un jeune garçon qui a un véritable humour, et beaucoup de ces réflexions m'ont fait sourire et j'ai parfois cru qu'il était plus âgé qu'il ne l'est en réalité ; en particulier la scène lorsqu'il se fait arrêter par un flic qui s'est décoloré les cheveux : la scène est tellement bien décrite et les réflexions de Jun tellement juste que cette seule scène est un véritable petit bijou.
Jun va être découvert par Shomintsu, un maitre sumo, qui voit un gros en lui, lui qui se considère en seulement deux dimensions : en hauteur et en largueur puisqu'on a décidé de lui enlever sa profondeur. Progressivement, habilement, patiemment, Shomintsu va l'emmener vers le monde du sumotori et il va découvrir une véritable passion pour ce sport et surtout va progressivement se libérer du poids de son passé pour avoir un avenir. son passé, une mère qui aime la terre entière et lui de la même manière et un père toujours absent, toujours au travail, qui n'a pas le temps pour son fils.
Le sujet des douleurs de jeunesse est très bien abordé sans tomber dans la mièvrerie ou les sanglots, l'évolution rapide n'est pas du tout gênante, seul petit reproche, j'aurais aimé en savoir plus sur la vie à l'école des sumos, les traditions, les rites, les horaires, les repas,...
J'ai adoré les lettres envoyées par sa mère analphabète, j'ai trouvé ça touchant et empli de tendresse et j'ai également adoré la dernière phrase de ce livre.
C'est mon premier livre de cet auteur, il n'y a rien de particulier à dire sur sa plume seulement que la lecture est tellement rapide que le livre ce lit en un rien de temps.

Citations :

"-Des tas de lard de deux cents kilos en chignon, quasi nus, un string en soie dans le cul, qui s'agitent sur une piste en cercle, merci !"

"Jun, si ce que tu dis n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi."

"Pourquoi étais-je né d'une mère pareille, une mère que je ne comprenais pas, une mère que je ne comprenait pas ? Si j'étais sorti de son ventre, je n'étais pas sorti de son esprit !"

Le mot de la fin :

Un tout petit livre qui se lit en un rien de temps avec plein d'humour plus ou moins grinçant qui permet de prendre du recul et de passer un très bon moment et d'en sortir peut être un peu plus zen.

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