L'archipel T1 : Latitude - Bertrand Puard

Auteur : Bertrand Puard
Éditions : Casterman
Genre : Policier
Date de publication originale : 2018
Pages : 280

         "Je m'appelle Yann Rodin"

Synopsis :
De quel criminel êtes-vous le sosie ?
Yann est la victime d'un business très lucratif : l'échange d'identités. Son malheur : être le sosie de Sacha Pavlovitch, le fils d'un puissant trafiquant d'armes franco-russe, qui a acheté sa tranquillité moyennant quelques millions de dollars. Tandis que Yann clame son innocence, Sacha se fait passer pour lui et découvre une vie paisible, sur une île paradisiaque du Sud de la France. Une affaire parfaitement rodée. Du moins en apparence...
Je m'appelle Yann Rodin. Il y a onze mois, j'entrais en seconde. Aujourd'hui, je vis dans l'Archipel, la pire prison qui existe au monde.

Ce que j'en ai pensé :

L'usurpation d'identité n'est pas un thème très souvent abordé en littérature, en tout cas pour ma part, je ne l'avais que rarement rencontré. Avant d'ouvrir le livre, j'étais déjà atteinte de sentiments de frustration et d'impuissance pour Yann Rodin. Ce pauvre jeune homme dont Sacha Pavlovitch va tout lui prendre.

Ici l'échange entre Yann et Sacha n'a été possible que par leur incroyable ressemblance, car en plus du thème de l'usurpation d'identité vient se corréler le "sosinisme", mot que j'ai sans doute inventé mais qui fait couler beaucoup d'encre. Avoir un sosie est-il une légende urbaine ou un fait avéré ? Quand j'étais adolescente, je me suis souvent posée la question : est-ce quelqu'un dans le monde me ressemble point par point ? Taille, poids, traits du visage, couleur de cheveux. Avais-je tout simplement l'envie de savoir comment les autres pouvaient me percevoir, alors que moi-même j'avais du mal à percevoir ma normalité, mon envie d'être comme tout le monde. Je m'éloigne largement du roman, mais celui-ci m'a conduit à une introspection sur mes sentiments adolescents refoulés.

Revenons donc à Yann qui a va être incarcéré en toute légalité (presque garde à vue, jugement, condamnation dans la prison du bout du monde : l'Archipel). J'ai regretté que l'auteur n'est pas un peu plus développé cette partie. Dans un futur pas très éloigné, les plus grands criminels majeurs ou non, ne sont pas emprisonnés sur un cargo (comme l'avaient imaginé les scénaristes du film Evasion) mais sur plusieurs îles de l'antarctique. Une concentration plurinationale de détenus. Comment les différents gouvernements du monde se sont-ils entendus et comment est financé ce purgatoire ? Parce que personne ne quitte l'Archipel, seule la mort peut la délivrer. J'aurais aimé plus d'informations sur cette conspiration mondiale.

Bertrand Puard a préféré essayer de se focaliser sur les sentiments ressentis par nos deux héros. Je suis malheureusement passée à côté de la frustration, de l'incompréhension, de la colère de Yann aussi bien que le sentiment de liberté, de renaissance et de tranquillité de Sacha. Comme je le disais plus haut, je me suis plus plongée moi-même dans ce que j'aurai ressenti dans un cas comme dans l'autre que ne le font ses personnages, j'en garde un souvenir de survol.

D'une manière générale, les romans adolescents futuristes mettent en actions leur personnages dès le début pour créer un turn-over. Ici Bertrand Puard prend son temps avant l'inévitable accélération en fin de roman, quand les pièces du puzzle s'emboitent ou presque, je préfère passer outre les nombreuses incohérences.

On remarquera, cependant, une écriture extrêmement masculine dans ce roman. Je reproche à mes précédentes lectures dans le genre, une plume de plus en plus androgyne. Ici l'auteur donne de la testostérone au roman, et j'ai aimé ça.

Je ferme donc ce roman en demi-teinte : une histoire originale, une belle, puissante et masculine écriture à défaut de personnages trop lisses, où leurs sentiments sont à défaut d'être exprimés, mis en scène. Quant à la suite, je ne sais pas pour le moment...

Citations :

Morne journée après journée morne. Grandissant, le sentiment d'injustice de me retrouver là ;:s'amenuisant, le sentiment de révolte, qui n'apporte rien d'autre que de plus grands douleurs physiques et morales.

Le mot de la fin :

La plume forte de l'auteur couvre le vide profond des sentiments des personnages. J'aurai aimé un avance rapide entrecoupé de pauses intenses pour me mettre en apnée, j'ai eu droit à une lecture en mode normal, où j'ai inspiré et soufflé fort souvent d'ennui.

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